Wednesday, July 30, 2008

Tự do báo chí tại TC: Chine - Rapport annuel 2008

Chine - Rapport annuel 2008

Superficie : 9 598 050 km2.
Population : 1 315 844 000.
Langue : mandarin.
Chef de l’Etat : Hu Jintao.


Un vent glacial s’est abattu sur la liberté de la presse avant le 17e Congrès du Parti communiste qui s’est tenu en octobre à Pékin. Les journalistes ont été contraints de relayer la propagande officielle, tandis que les cybercenseurs sévissaient sur Internet. Malgré une règlementation assouplie en janvier, près de 180 correspondants de la presse étrangère ont été arrêtés ou harcelés en 2007.

http://www.rsf.org/IMG/pdf/RSF_China.pdf
Chine - Rapport annuel 2008 (en Chinois)

Début 2007, des représentants de Reporters sans frontières ont rencontré, pour la première fois, des officiels chinois, notamment le vice-ministre de l’Information à Pékin. Les autorités se sont dites prêtes à reconsidérer la situation des journalistes et des internautes actuellement emprisonnés, notamment Zhao Yan, collaborateur du New York Times, condamné à trois ans de prison sur la base d’accusations mensongères. Mais elles n’ont tenu aucun de leurs engagements. Zhao Yan a été libéré, en septembre, à la fin de sa peine. Et les autres promesses sont restées lettre morte. A la fin de l’année, les autorités ont refusé d’accorder des visas à cinq représentants de Reporters sans frontières qui souhaitaient se rendre à Pékin.

"Nous garantissons une liberté totale de la presse". Cette autre promesse, faite en 2001 par un officiel chinois qui défendait le dossier de candidature de Pékin pour les Jeux olympiques de 2008, n’a jamais été respectée. 2007 aura été l’année des désillusions. Beaucoup d’observateurs s’attendaient à plus de tolérance envers la presse et à une plus grande liberté d’expression, comme l’avaient annoncé les autorités. Mais le gouvernement, et plus particulièrement la police politique et le Département de la propagande, ont tout fait pour empêcher la presse libérale, les internautes et les dissidents de s’exprimer. Les correspondants étrangers ont été encore largement entravés dans leur travail malgré une règlementation qui leur accorde jusqu’en octobre 2008 plus de liberté de mouvement.

Le président Hu Jintao a consolidé les bases de son pouvoir, en mettant en avant les principes de la "société harmonieuse"... dont la démocratie est exclue. Les conservateurs du régime ont entrepris de construire cette "harmonie" par la force. En mars, Zhou Yongkang, ministre de la Sécurité publique, a appelé les services de sécurité à intensifier la répression contre les "forces hostiles", notamment les mouvements séparatistes et les dissidents, avant les Jeux olympiques.

Les "prisonniers des Jeux olympiques"

La police a donc entrepris d’arrêter les dissidents et les blogueurs qui appellent à l’amélioration de la situation des droits de l’homme avant la tenue des Jeux olympiques. Le plus connu de ces "prisonniers olympiques" est Hu Jia, arrêté le 27 décembre à son domicile de Pékin. Les policiers ont présenté un mandat d’arrêt l’accusant d’"incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat". Son épouse, la blogueuse Zeng Jinyan, et leur fille âgée d’un mois et demi, ont été, plusieurs semaines durant, encerclées par des dizaines de policiers. Tous les deux défenseurs de l’environnement, des droits des malades du Sida et des prisonniers politiques, Hu Jia et Zeng Jinyan ont tenté de repousser les limites de la liberté d’expression en Chine, en postant sur leurs blogs des informations dérangeantes.

La répression s’est également abattue sur les contributeurs chinois de sites d’informations hébergés à l’étranger. Au moins trois collaborateurs du site d’informations Boxun, basé aux Etats-Unis, sont actuellement emprisonnés. Sun Lin, également connu sous son nom de plume Jie Mu, correspondant de Boxun en Chine, a été arrêté par la police le 30 mai à Nanjing (Est). Il avait dénoncé des abus de pouvoir, notamment dans des vidéos diffusées sur le site. Huang Jinqiu, autre correspondant régulier de Boxun, est détenu depuis 2003. Il a été condamné à douze ans d’emprisonnement pour "subversion du pouvoir de l’Etat" dans la province du Jiangsu (Est). Et en août 2007, le cyberdissident et blogueur He Weihua a été interné de force dans un hôpital psychiatrique du Hunan (Sud). Selon ses proches, cette décision est liée à ses articles publiés sur son blog www.boxun.com/hero/hewh/. Un quatrième, Li Changqing, a été libéré en février 2008, après avoir été condamné en 2006 à trois ans de prison par un tribunal de la ville de Fuzhou (province du Fujian, Sud-Est) pour diffusion d’"informations alarmistes".

La presse libérale sous pression

La presse libérale - notamment les quotidiens Xin Jing Bao et Nanfang Dushi Bao, et le magazine Caijing - a parfois été à l’origine d’informations embarrassantes pour les autorités locales ou nationales. Ainsi, en juillet, le Xin Jing Bao (Beijing News) a révélé que des responsables locaux avaient réussi à interdire la publication d’un rapport qui chiffre à près de 70 milliards de dollars le coût de la pollution dans le pays. Un mois auparavant, c’est le journal britannique Financial Times qui affirmait qu’un rapport de la Banque mondiale sur les problèmes environnementaux avait été censuré par le gouvernement. L’information avait circulé sur de nombreux sites et blogs chinois, avant d’être retirée par les cybercenseurs.

"Dans la rédaction, nous savons que dès qu’il s’agit d’un sujet qui concerne les leaders du Parti, les nominations d’officiels ou des sujets internationaux comme la Corée du Nord, il faut attendre la dépêche de l’agence Xinhua, a expliqué à Reporters sans frontières un journaliste du Beijing News. Publier quelque chose avant, c’est trop risqué. Tout le monde est au courant des interdits : les minorités, la liberté religieuse et Falungong." Le gouvernement ne se prive pas de rappeler à l’ordre les médias libéraux. En mars, le magazine économique Caijing, source d’information privilégiée de la communauté internationale, a été contraint de censurer un article sur l’adoption d’une nouvelle législation sur la propriété privée. La rédaction a également été obligée de retirer des articles de son site Internet.

Les meneurs de cette presse au ton plus libre prennent d’énormes risques. Yu Huafeng, président du quotidien Nanfang Dushi Bao, est incarcéré depuis 2004 à Canton. Son collègue Li Minying, ancien directeur du journal, a été libéré en février 2007, trois ans avant la fin de sa peine. Ils avaient été condamnés à six ans de prison pour "corruption". En 2005, plus de deux mille journalistes chinois avaient signé une pétition demandant la libération de leurs confrères.

D’autres journalistes, victimes de purges au sein de leur rédaction, ont été reclassés dans des publications jugés inoffensives. Début 2007, Huang Liangtian a été limogé de la direction du mensuel Bai Xing (Masses populaires) pour être nommé dans un magazine sur l’agriculture moins critique. Bai Xing avait multiplié les enquêtes sur les conditions de vie dans les zones rurales et révélé que l’administration d’une région pauvre de la province du Henan (Centre) avait fait construire une place plus large que celle de Tiananmen à Pékin. Les autorités locales avaient demandé la tête du journaliste. "Je ne suis pas sûr que la liberté de la presse va s’améliorer pour les médias gouvernementaux. Je suis triste que ma vie de journaliste s’arrête ainsi", a expliqué Huang Liangtian à Reporters sans frontières. En juillet, c’était au tour de Pang Jiaoming du China Economic Times d’être sanctionné par les autorités pour avoir publié une enquête sur la mauvaise qualité des matériaux de construction des rails de la première ligne de train à grande vitesse reliant Wuhan à Canton.

Une censure quotidienne

Le Département de la propagande et l’Administration générale de la presse et des publications (GAPP) se sont répartis le travail pour freiner les ardeurs des journalistes. En cours d’année, la GAPP a rappelé que "les reportages doivent être vrais, précis, objectifs, justes et ne doivent pas s’opposer aux intérêts de l’Etat ou enfreindre les droits des citoyens". Le Département de la propagande a, quant à lui, multiplié les interventions auprès des rédactions. En novembre, Reporters sans frontières a publié un document interne qui détaillait les différentes formes de censure. Sous la forme d’un Glossaire, le Département de la propagande met en garde les rédactions qui ne respectent pas "les règles de discipline mises en place pour l’information". Les instructions sont claires : "1- "Interdiction de reportage" signifie : interdiction d’écrire un reportage sur le sujet. - 2- "Ne pas envoyer de reporter" signifie : autorisation de publier l’article standard de l’agence Xinhua ou bien de reproduire le reportage, article (contribution) d’un média local. - 3-"Interdiction de critiquer" signifie : aucun commentaire sur les propos y compris au moyen d’un dessin."

Ainsi, en novembre, le Département de la propagande a ordonné aux responsables des principaux médias chinois d’éviter les reportages négatifs sur la pollution de l’air, les relations avec Taïwan au sujet de la torche olympique et les problèmes sanitaires, dans le cadre de la préparation des Jeux olympiques.

La censure a été encore plus forte pour les télévisions et les radios. Les journalistes de la chaîne gouvernementale CCTV sont avertis tous les matins, quand ils se connectent à leur ordinateur professionnel, des sujets à ne pas traiter ou à couvrir avec précaution. En décembre, il leur a, par exemple, été interdit d’aborder le cas d’une Chinoise enceinte, morte à l’hôpital faute de soins. Ils ont dû aussi limiter leurs commentaires sur l’assassinat de Benazir Bhutto, afin de ménager l’allié pakistanais.

Malgré les protestations de la presse, le gouvernement a fait adopter une loi sur la gestion des situations de crise (Emergency response law), en août 2007. Celle-ci interdit la "fabrication et la diffusion de fausses nouvelles sur les accidents et les désastres et impose au gouvernement de fournir une information exacte et dans les délais sur ces cas". Les médias risquent de perdre leur licence s’ils publient des informations sans autorisation. En pratique, ils devront reprendre uniquement les dépêches de l’agence de presse officielle Xinhua lors de catastrophes naturelles, d’accidents industriels, d’épidémies ou de troubles à la sécurité publique, et ne pourront mener leur propre enquête. Dans la foulée, les autorités chinoises ont imposé des limites au travail de la presse sur l’effondrement d’un pont à Fenghuang, une ville touristique de la province du Hunan (Sud), qui a fait plus de quarante morts. Le Département de la propagande a ordonné, le 16 août, aux médias chinois de restreindre leur couverture de cet événement et les rédactions ont été contraintes de retirer leurs reporters de Fenghuang. Avant de quitter les lieux, cinq journalistes, dont un du Nanfang Dushi Bao, ont été frappés par des hommes liés aux autorités locales.

Campagne contre les "faux journalistes"

Sur ordre du gouvernement, le Département de la propagande et la GAPP ont collaboré pour mener à bien une campagne nationale contre les "faux journalistes". Prétextant un reportage truqué sur de la nourriture avariée, réalisé en juillet par un jeune reporter d’une chaîne de Pékin, les autorités ont traqué les "faux journalistes" qui utiliseraient des accréditations auprès de médias étrangers ou de Hong Kong, pour pratiquer le "chantage et la désinformation". Au bout de quelques semaines, le gouvernement a annoncé avoir identifié 150 "faux journalistes" et 300 médias sans licence. Une dizaine de journalistes, notamment deux responsables d’une publication de Liaoning (Nord-Est), Les nouvelles sociales (illégal selon les autorités), ont été incarcérés. Si le chantage existe en Chine, il n’en reste pas moins que de nombreux médias travaillent sans licence faute de pouvoir en obtenir.

L’Administration générale de la presse et des publications a profité de cette campagne pour mettre en place un fichage de près de trente mille journalistes qui seront accrédités pour les Jeux olympiques. Officiellement, il s’agit encore une fois d’identifier les "faux journalistes" et d’aider les responsables chinois à répondre aux interviews. Mais le gouvernement n’a pas précisé quels types d’informations seront collectés. Ce projet de fichage des reporters étrangers a été confirmé par un consultant étranger travaillant avec le comité organisateur des Jeux olympiques. Le Département de la sécurité d’Etat a été chargé de répertorier les reporters et les militants qui pourraient "perturber" les JO.

180 incidents avec les correspondants étrangers

Les nouvelles mesures de régulation mises en place le 1er janvier 2007 ont apporté une certaine liberté de mouvement aux correspondants de la presse étrangère. Certains médias ont tout de suite profité de cette évolution pour réaliser des reportages qui leur étaient auparavant interdits. Ainsi, l’agence Reuters s’est rendue en Mongolie intérieure pour rencontrer l’épouse de Hada, directeur de publication mongol emprisonné depuis 1995. L’agence britannique demandait en vain l’autorisation de réaliser cette interview depuis 2004. Reuters a également pu interviewer Bao Tong, ancien assistant du Premier ministre réformiste Zhao Ziyang. Mais quelques jours seulement après l’adoption de cette nouvelle régulation, des correspondants étrangers ont été empêchés de se rendre chez des enfants de Zhao Ziyang ou d’interviewer l’avocat shanghaien Zheng Enchong, l’avocat Gao Zhisheng ou la militante antisida Gao Yaojie. Et des reporters de Hong Kong ont été refoulés par des soldats, le 9 janvier, alors qu’ils s’approchaient du lieu du crash d’un avion militaire dans la province du Guangdong (Sud-Est).

Tout au long de l’année, la police a entravé le travail des correspondants qui enquêtaient sur des sujets sensibles. En mars, une équipe de la BBC World Service a été interpellée par des policiers dans un village du Hunan où venait d’avoir lieu une émeute. "Vous n’êtes pas aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. Ici, c’est la Chine," a affirmé l’un des officiers qui les ont interrogés. Un journaliste leur a expliqué que le gouvernement de Pékin avait adopté une nouvelle réglementation. "C’est seulement pour les informations liées aux Jeux olympiques, et je ne crois pas que vous soyez venus ici pour les JO", a rétorqué l’officier.

Pas moins de sept journalistes ont été interpellés ou agressés alors qu’ils tentaient d’accéder au village de Shengyou (sud de Pékin) où, en 2005, des hommes de main de responsables locaux avaient tué six personnes et blessé plus de cinquante autres. Cela a concerné l’Agence France-Presse, la BBC World Service et la correspondante de Swiss TV, Barbara Luthi, qui a été frappée par des policiers.

Travailler au Tibet et au Xinjiang est toujours aussi difficile. En mai, Harald Maass, correspondant du quotidien allemand Frankfurter Rundschau, et Tim Johnson, correspondant du groupe de presse américain McClatchy, ont été convoqués par un haut responsable du ministère chinois des Affaires étrangères qui leur a reproché d’avoir violé les règles journalistiques dans des articles sur le Tibet. Dès leur arrivée à Lhassa, les deux correspondants avaient été suivis et harcelés par des policiers en civil. Des Tibétains avec qui ils s’étaient entretenus ont dû payer des amendes. La police a empêché Harald Maass de se rendre dans la ville de Shigatse.

Au total, le Foreign Correspondents Club of China (FCCC) a reçu des informations sur 180 violations de ces régulations qui vont de la surveillance de journalistes à l’interpellation. Et selon un sondage réalisé en 2007 par le FCCC, à la question : "Est-ce que la Chine respecte la promesse faite en 2001 par Wang Wei, un organisateur des JO de Pékin qui disait : "Nous donnerons aux médias étrangers toute liberté de reportage", plus de 67 % répondent "Non". Seulement 8,6 % des journalistes interrogés répondent "Oui".

Le pluralisme menacé à Hong Kong ?

A Hong Kong, le pluralisme existe toujours, même si les intérêts économiques de certains patrons de presse les ont incités à ménager les autorités de Pékin. "Pour les journalistes de Hong Kong qui enquêtent en Chine, il faut se méfier des autorités locales, des mafias et des puissants qui n’aiment pas trop notre style de presse. Plus généralement, la couverture de la Chine est plus timide qu’auparavant. Des sujets comme l’indépendance de Taiwan ou le Falungong sont devenus tabous", explique Mak Yin-ting, secrétaire général de la Hong Kong Journalists Association. "L’argent se fait en Chine. Pas étonnant alors que la moitié des propriétaires de journaux aient des intérêts économiques sur le continent. Le problème est le degré d’autocensure que cela provoque. Par exemple, dans beaucoup de quotidiens, Taiwan est maintenant traité dans la rubrique Chine. Et la majorité des médias de Hong Kong ne couvrent pas les manifestations de Falungong, alors qu’ils sont régulièrement des dizaines de milliers dans la rue", a expliqué quant à lui Francis Moriarty du Foreign Correspondents Club. Plusieurs incidents ont eu lieu à Hong Kong en 2007 : Shuhwey Liao et I-Chun Ko, deux reporters taïwanaises de la radio Sound of Hope (proche de Falungong), ont été refoulées de Hong Kong, et les animateurs de la radio pirate Citizen Radio ont de nouveau dû paraître devant une cour de justice pour avoir enfreint la loi sur les télécommunications.

La répression au Tibet et au Xinjiang

La censure et le contrôle policier ont été encore plus forts dans les provinces où il existe des mouvements autonomistes. En novembre, trois Tibétains ont été condamnés par la Cour intermédiaire de Kardze (province du Sichuan, frontalière du Tibet), à des peines de prison allant de trois à dix ans pour "espionnage pour le compte d’organisations étrangères mettant en danger la sécurité de l’Etat". Selon les autorités, ils auraient envoyé à l’étranger des photos de manifestations de nomades tibétains ayant eu lieu début août. Adak Lupoe, moine supérieur du monastère de Lithang, et Kunkhyen, musicien et enseignant, ont été condamnés respectivement à dix et neuf ans de prison, reconnus coupables "d’espionnage" pour avoir pris des photos et procédé à des enregistrements des manifestations.

Au Xinjiang, l’un des fils de la célèbre militante ouïghoure Rebiya Kadeer, Ablikim Abdiriyim, a été condamné, le 17 avril, à neuf ans de prison pour avoir diffusé des articles "sécessionnistes" sur Internet. Selon l’agence officielle chinoise Xinhua, Ablikim Abdiriyim a tenté de donner une mauvaise image des "droits de l’homme et des politiques ethniques en Chine".

Une centaine de journalistes et internautes emprisonnés

La Chine populaire reste le pays qui emprisonne le plus grand nombre de journalistes, cyberdissidents, internautes et défenseurs de la liberté d’expression. Leurs conditions de détention sont souvent difficiles : ils partagent des cellules surpeuplées avec des criminels, sont contraints au travail forcé et sont régulièrement battus par leurs gardiens ou des codétenus. Dans les premières semaines de leur incarcération, les mauvais traitements sont fréquents. Les policiers tentent de leur arracher des aveux. Au 1er janvier 2008, au moins 33 journalistes étaient emprisonnés en Chine.

Avant d’être libéré le 5 février 2008 deux ans avant la fin de sa peine, le journaliste de Hong Kong, Ching Cheong, était incarcéré dans une prison de Canton. Son épouse a raconté à Reporters sans frontières les conditions de détention de son mari : "J’ai le droit de le voir une fois par mois, pendant une heure. Nous sommes derrière une vitre, et nous parlons au téléphone. Notre conversation est écoutée. C’est même écrit sur les murs du parloir. Ching Cheong est dans une cellule avec 12 autres prisonniers, la plupart des criminels condamnés à de lourdes peines. Dans la prison, il y a deux usines. Lui, il doit travailler huit heures par jour, avec des heures supplémentaires deux fois par semaine, jusqu’à 21 heures le soir. Il fabrique des uniformes de police. Les prisonniers ne sont pas payés. Avant d’être arrêté, Ching Cheong avait déjà des problèmes de pression artérielle. Mais cela ne se produisait que deux ou trois fois par an. Maintenant, c’est tous les jours. Il souffre de la discipline militaire qui règne dans la prison. Il a perdu 15 kilos depuis son arrestation. Vous savez, le premier mois de détention à Pékin a été extrêmement dur. Un traitement que l’on peut considérer comme de la torture mentale."

De son côté, le cyberdissident Guo Qizhen, condamné à quatre ans de prison pour "incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat", a été battu, en mai, par des codétenus dans sa cellule de Shijiazhuang (Hebei, nord-est de la Chine). L’agression a été orchestrée par des gardiens de la prison. Sa femme a rapporté que son corps était couvert d’hématomes. Le cyberdissident, qui avait une jambe cassée au moment de son arrestation, n’a pas bénéficié des soins médicaux adéquats. Son état de santé s’est considérablement détérioré.

La grande muraille électronique

La Toile chinoise est l’une des plus contrôlées au monde. Depuis le mois d’août 2007, une "cyberpolice" a été instaurée pour surveiller les connexions des internautes. Une vingtaine d’entreprises, notamment américaines, ont été contraintes de signer un "Pacte d’autodiscipline" qui les oblige à censurer le contenu des blogs qu’elles hébergent en Chine et à demander aux blogueurs de communiquer leur vraie identité. Les fermetures de sites Internet ont été très nombreuses lors du dix-septième Congrès du Parti communiste à Pékin en octobre. Les forums des sites d’informations les plus connus étaient fermés "par précaution" le temps du congrès, afin qu’aucune information ne dénote de la ligne politique fixée par les autorités. A cette occasion, Reporters sans frontières a publié un rapport réalisé par un internaute chinois, qui fait état du système de censure du Web en vigueur dans le pays. Cinq bureaux gouvernementaux disposent de services dédiés à la surveillance du contenu des sites et des e-mails.

Au moins 51 cyberdissidents sont actuellement enfermés en Chine pour avoir usé de leur droit à la liberté d’expression sur le Web. Les autorités chinoises ont fermé des sites Internet au Tibet, notamment le forum de discussion le plus fréquenté par les étudiants tibétains (http://www.tibet123.com/ ), les privant d’outil pour donner leur avis sur la politique du gouvernement. En juillet, le forum de discussion Mongolian Youth Forum (www.mglzaluus.com/bbs ), très populaire en Mongolie intérieure, a été fermé par les autorités. Selon l’un de ses animateurs, les autorités reprochaient les discussions fréquentes abordant les "problèmes ethniques" de cette province chinoise.

Les firewalls mis en place sont très réactifs. Ainsi, après seulement quelques heures, le site de Reporters sans frontières en chinois - http://www.rsf-chinese.org/ -, lancé fin mai, a été bloqué. La cyberpolice utilise visiblement des logiciels contenant des filtres par mots clefs. Sans se soucier des conséquences pour les internautes chinois, toute adresse IP liée à un site jugé indésirable est bloquée sans préavis.


Traductions disponibles :
China - Annual report 2008
China - Informe anual 2008
http://www.rsf.org/article.php3?id_article=25517


http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/asiepacifique/20080730.OBS5210/le_cio_admet_que_pekin_na_jamais_envisage_un_acces_libr.html

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